Deutsche Reichstagsakten, Jüngere Reihe. Reichstagsakten unter Kaiser Karl V., XI. Band. Der Reichstag zu Regensburg 1541 bearbeitet von Albrecht P. Luttenberger, für den Druck vorbereitet von Christiane Neerfeld
Wien HHStA, Hs. blau 597/1, fol. 231v–233r (Kop.).
J’ay receu voz lettres du dernier de fébvrier arrivées icy le 3. de ce mois du soir, par lesquelles en premier lieu ay entendu votre arrivée à Regensburg en santé et prospérité, dont j’ay receu singulièrement joye et en louhe Dieu. Et quant à ce, que votre Mté a faict escripre aux électeurs et aultres princes les admonestant pour avancer leur venue et à cest effect en parle et faict parler à leurs gens estans audit Regensburg elle a en ce très bien advisé et pourveu. Et mesmes quant au cardinal de Mayence s’estant excusé, qu’il ne pouvoit si tost venir soubz couleur contenue en vosdites lettres et à la vérité il s’est toujours démonstré très fort dilayant à toutes les assemblées passées comme mesmes l’on a bien peu veoir à celle d’Aguenaw, en laquelle et à toutes aultres choses concernans le bien de pacification en la Germanie pour sa seulle opinion l’on a peu clerement parcepvoir sa dissimulation et petite voulenté combien que comme dictes [sic!], monseigneur, il debvroit estre celluy (pour considération de l’estat de chancellier, qu’il tient, et aultres bons respectz), qui premièrement deust comparoir pour donner bon exemple et monstrer le chemin aux aultres, ayant néantmoings très voulentiers entendu, monseigneur, le bon espoir qu’avez de la briefve venue des aultres électeurs, mesmes de celle des duc de Saxen, de Brandemburg, lantgrave et aultres des protestans, que viendra fort bien à propos pour l’espoir, que je puis prendre du bon debvoir et office, qu’ilz feront par le moyen et bonne exhortation, que leur en fera votre Mté à l’effect et fructueuse yssue de ceste diètte.
Quant à l’admonition, que votre Mté me faict pour accéllérer mon partement pour me trouver devers icelle, combien que ce soit la chose, que à présent plus je désire et non sans bien peser les choses alléguées par vosdites lettres et bien considérant, que le principal remède de mes affaires en particulier et de toutes aultres choses gist et déppend sur ce que se fera en ladicte diètte, toutesfois, monseigneur, par tout ce que vous ay escript parcidevant et mesmes par mes dernières lettres du 25. de Fébvrier votre Mté aura entendu les empeschemens tant importans, pour lesquelz il m’a esté impossible de povoir bouger ny encoires est sans laisser quelque ordre et évicter que à ung moment le tout ne périsse ainsi qu’il est en manifeste dangier, comme par propre personnaige mon confident, que en brief je dépescheray devers votre Mté il vous plaira entendre ensamble aultres affaires et le discours de toutes choses, que luy commectray pour donner compte et tant plus certain avisement de toutes choses me occurentes, vous suppliant, monseigneur, croire, que temps ny moment ne se négligera pour accélérer ma venue devers vous et trouve très bon, qu’avez en délibération de traicter avec les princes en personne et non avec leurs députéz et principalement avec les électeurs comme les principaulx. Car pour les considérations très bien touchées en vosdites lettres il ne pourroit que très mal convenir d’en faire aultrement ny aussi que l’on deust rentrer en longues disputes, mais seullement par aultres expédiens de communications avec lesdits électeurs et princes et ausurplus députer en petit nombre gens traictables, non parciaulx pour parvenir à la concorde, car aultrement je suis aussi de ceste opinion, qu’il ne pourroit que réduire les choses à pis veu que l’on trouvera plus d’empeschement que de bons moyenneurs et en espécial par le moyen des traverses et practicques françoises, que ne doubte sont très grandes et à quoy il fault avoir bon et groz regard pour les entrerompre, ayant néantmoings très voulentiers entendu ce que m’escripvez icelles jusques à oires n’avoir en grant effect et l’espoir, qu’avez à bonne concorde par l’inclination qu’en démonstrent la pluspart, comme contiengnent vosdites lettres.
De l’advis, que désirez, monseigneur, avoir de moy comme vous devez porter envers les princes je n’en scauroie dire daventaige sinon ce qu’il peult souvenir à votre Mté comme elle en a faict ès trois journées impériales, qu’elle a cydevant tenue toutesfois satisfaisant à ce qu’il vous plaist m’en commander. Il me semble, que aux électeurs, qui viendront à la diète que votre Mté peult aller audevant d’eulx non toutesfois trop loing et au regard des aultres votre Mté s’en pourra demesler aultrement par bon recueil et cordiales demonstrances, quant ilz viendront devers votre Mté. Bienque quant au feu duc George de Saxen le duc Frédrick et aultres leurs semblables anciens et vieux princes ayans aussi crédit et auctorité en l’empire l’on est aulcunes fois allé audevant d’eulx, toutesfois puisque ne l’avez faict au duc Guille[aume]. Il ne sera besoing à mon advis le faire avec les aultres, mais quant quelque électeur entre à la des[ur?]bbée comme ilz font souvent, l’on a aussi accoustumé les aller aulcunes fois visiter en leurs logis. Et aussi, monseigneur, me semble, qu’il ne pourra que très bien convenir et prouffiter, que votredite Mté ait souvent [divises] avec tous lesdits princes mesmes à part leur démonstrant toute confidence, non afin qu’ilz puissent ([ainsi] que par votre grande prudence scaurez bien user) scavoir votre intention, mais vous la leur, dont l’on se pourra ayder à la meilleure direction des affaires ainsi que l’opportunité la donnera. Et pour avoir le duc Frédrick grande expérience comme l’on se doibt conduire en l’endroict de tous les princes dudict empire, votre Mté en pourra selon que bon luy semblera prendre son advis, lequel je ne doubte il vous dira léalement pour l’avoir tousjours trouvé très enclin envers votre Mté et moy. Toutesfois touchant Bavière il y fault avoir plus de regard, car je ne me suis apperceu, qu’ilz soient encoires en vraye confidence.
J’ay aussi, monseigneur, entendu par lesdites lettres la visitation qu’avez faict faire par le Srde Praet envers les [sic!] duc de Bavière et duchesse sa femme et depuis en propre personne que ne puis aussi que très bien louher et semblablement les bonnes divises qu’avez eu ensemble, quant il est venu devers vous mesmes l’ouverture, qu’il vous a confidamment faict des grandes et estranges practicques françoises le remectant jusques je fusse là pour les descouvrir plus amplement. Et combien que je ne puis penser, que maintenant en son endroict elles soient telles que parcydevant elles peullent avoir estées. Toutesfois s’il veult déclarer toutes les pratiques passées, il en pourra beaulcop dire. En faisant bon devoir comme il démonstre avoir le vouloir il pourra bien descouvrir à votre Mté la vérité de ce qu’il en scet bien pensant, que en propoz elle le scaura tant entendre, qu’il ne sera besoing d’aulcun interpres, combien que s’il en failloit s’en pourra prendre ung confident, estant bien joyeulx entendre que la braveté desdits françois se refroidisse comme j’ay veu par une copie, que m’avez naguaires envoyé et aultres occurences de France.
Quant au propoz que ledit duc Guille[aume] vous a tenu, monseigneur, touchant le mariaige dentre son filz avec ma fille j’ay entendu ce qu’il vous a pleu luy en respondre, qu’a esté très bien. Et selon que à la vérité mon intention est et se pourra bien faire la consummation au temps qu’il désire, auquel temps sondit filz complira seize ans, car madite fille en ce mesme temps en achèvera treize de manière que tous deux en cedit temps comme faict à espérer seront aptes. Et ne désire moings que luy de veoir l’effect et consommation actendu ce qu’il peult emporter pour le bien de mes pays par bonne amytié dentre nous, intelligence et voisinage de noz pays. Et quant au bon désir, qu’il a du bon succès de mes affaires de Hongrie et d’en entendre des nouvelles il ne sera que bien, que votre Mté luy en face par démonstration de bonne confidence communicquer généralement, mais non les particularitéz, comme aussi de mesmes l’ay tousjours fait assez souvent afin de luy démonstrer tant plus de confidence et que par ce il en print tant plus grant contentement et voulenté de tousjours soy employer au bien et prospérité d’iceulx.
De la proposition, que désirez, monseigneur, avoir ainsi qu’elle se debvra faire aux estatz pour la diète, j’en avoie desià faict pourgecter ung mémorial en brief [Nr. 20], lequel s’envoie avec cestes, toutesfois veu, que le demandez avoir plus ample, j’en seray, monseigneur, faire encoires ung aultre [Nr. 22], lequel s’envoyera par celluy, que je dépescheray en brief pardevers vous comme dict est.
J’ay entendu, monseigneur, le passaige du Rincon en France et mesmes qu’il s’est faict conduire avec gens arméz doubtant estre rencontré dont je suis marry, qu’il est eschappé, car il a longtemps qu’il deust estre noyé ou pendu, ne doubtant que quelque charge, que le Turc luy peult avoir donné envers son maître, ne se fyera en luy sinon sur bon gaige et tout ainsi qu’il le cognoist.
Quant à l’avertissement qu’avez, monseigneur, eu du marquis del Gasto du propoz tenu par le secrétaire vénetien résident devers luy touchant de procurer la tresve avec le Turc j’ay entendu ce qu’en avez pourveu, que me semble avoir esté très prudamment, par où ay aussi cogneu que ne m’y avez oblié, dont très humblement vous remercie.
Au regard du cardinal Contarino dépesché par le pape pour légat, lequel actendies en brief et avec lequel, après avoir ouy sa charge, voulies temporiser actendant ma venue, je ne doubte, monseigneur, que encoires que ne fusse pardevers vous scavrez faire et vous conduyre en tout en son endroict selon que verrez mieulx convenir et aurez bon regard au traicté que se pourra faire avec luy et son maître.
Touchant de la royne, madame, notre bonne seur, j’ay receu, monseigneur, la copie, que m’avez envoyé des lettres, qu’elle vous a escript de sa main et bien entendu son contenu. Et avez pieça peu entendre les causes, pourquoy je n’ay encoires peu du tout pourveoir sur l’affaire selon le recès de Gand, combien que nonobstant la pesanteur de mes tant grans affaires et nécessitéz je n’ay délaissé à faire tout ce que j’ay peu. Et me trouvant devers votre Mté espère me monstrer à sorte, que votre Mté ny elle n’aurez cause d’en prendre mescontentement. [...] 1. De Vyenne, le 6. de Mars 1541.