Deutsche Reichstagsakten, Jüngere Reihe. Reichstagsakten unter Kaiser Karl V., XI. Band. Der Reichstag zu Regensburg 1541 bearbeitet von Albrecht P. Luttenberger, für den Druck vorbereitet von Christiane Neerfeld
Wien HHStA, Hs. blau 595, fol. 198r–198v (Kop.); AV fol. 198r: Présentées le 28. Mars anno 41, respondu le 9. d’Avril.
J’ay par Martin de Gosman et le licenciado Games receu les lettres de votre main du 19. du présent1 et ouy ce qu’ilz m’ont dit de votre part. Et certes il me desplait extrèmement et incrédiblement de vous veoir en la perplexité et nécessité où vous estes comme contiennnent vosdites lettres, et tant plus le sens pour non avoir moyen ny possibilité de faire ce que me requierez, car de me détenir pardeça jusques l’affaire d’Hongrie soit remédié et asseuré. Il y a peu d’apparence jusques à maintenant en l’accord selon les termes, qu’a tenu et tient la vesve du feu roy Jehan, et l’obstination du moyne2, qui la conduyt, et tant plus considéré les dernières nouvelles, qu’avez heu, qu’il se soit trouvé avec les Turcqs et encoires moins de mectre fin à la guerre selon que l’on a veu par les lettres de Jeronimo Laski et entendu d’aultres coustelz l’obstination du Turcq et aussi celle de ses gens ayans fait ladite guerre et demeure aux champs durant l’yver. Et vous scavez ce que je vous dis résoluement à Gand, qu’il m’estoit impossible de séjourner pardeça, ains estre contrainct de pure nécessité de retourner en Espaigne quant oyres ledit Turcq viendroit voire et tant plustost à cause de sa venue pour n’avoir forme ny moyen quelconque de luy résister et éviter d’en recevoir plus grant honte et, que je n’avoye argent ny moyen d’en recourir sinon très estroictement pour l’entretènement de ma maison, qu’est la seule raison, que m’empesche de non pouvoir satisfaire ce que m’escripvez.
Et entends très bien les inconvéniens, que pourroient advenir, si les Turcqs avoient Buda, et la conséquence quant à ce que tenez en Hongrie et à votre royaulme de Bohème et pays patrimoniaulx et par conséquent à la [chrétienté]. Mais enfin l’impossibilité n’aultre remède que de soy accommoder et faire au moins mal selon icelle. Et quant à ma personne seulle y pourroit remédier, je l’y vouldroye mectre de très bon cueur et ay bonne congnoiscance et souvenance de ce que feites au temps de la bataille de Pavye et aussi quant je passay en France et ne délaisse d’avoir tousjours devant les yeulx la parfaite amytié plus que fraternelle dentre nous et comme m’avez tousjours respecté et avec tous très amyables offices et singulière dévotion. Et pour ce pouvez tenir pour certain, que si j’avoye la possibilité ou moyen, que j’ay eu cydevant et mesmes quant je fus à Vienne pour rebouter ledit Turcq, je l’y employeroye d’aussi bon cueur libéralement et grossement, que je feis lors. Mais cela et aultres charges tant en votre endroict que pour les affaires publicques et considération des votres et miens m’ont amené et reduict en ceste nécessité.
Et ce que j’ay despendu pour la duché de Milan n’a esté en faveur ny pour considération du feu duc Francisco Sforcia pour lequel aussi à la vérité je ne déppendis beaucop, mais bien allencontre de luy. Et quant je le remis à l’estat en tiray bonne somme d’argent, que s’en est envollée avec la reste. Et aussi peu feis je l’emprinse de Thunes pour le regard du roy, que je restituay, mais pour craincte du dangier très évident et inconvénient, que aultrement en fut advenu à mes royaulmes maritimes et par conséquent à toute la [chrétienté]. Et quant vous vouldrez avoir regard à tant d’expéditions, que j’ay faictes par mer et par terre, et les forces et gens, qu’il m’a faillu soubstenir en tous coustelz et quasi tous les ans nouvelles armées, ès quelles j’ay esté nécessairement contrainct avec tant d’aultres charges et fraiz extraordinaires, vous pourrez clerement veoir, que non sans très grande cause je suis ainsi nécessiteux voire et comme il a esté possible, que j’ay peu supporter tant grans fraiz et charges si longuement.
Et enfin, monsieur, mon bon frère, je ne vois aultre moyen ny remède quelconque, sinon que je dépesche dès maintentant par courrier exprès et à diligence devers le visroy de Naples pour veoir, s’il y aura moyen quelconque de pouvoir recouvrer jusques à trente mille escuz sur votre rente de Naples oultre ce que j’ay desià avancé, ouquel cas je vous furniray ladite somme. Mais autrement je ne le pourroye faire, car il fault, que ceste somme se prengne de ce dont je doibs entretenir ma maison, le payement de laquelle se temporiseroit en actendant le recouvrement. Et aussi fauldra il, que je face venir ladite somme d’Ytalie, où je l’avoye laissé pensant y pouvoir passer plustost. Et selon ce regarderez ce que pourrez faire, car’quant à ce que je face gens, je n’en ay le moyen comme dit est. Et seroit plus de desréputation a moy de le commencer et que je ne le puisse complir. Et aussi seroit il impossible, que je le feisse si tost oyres que j’eusse l’argent comme reserchent vosdites lettres.
Et quant à envoyer ambassadeur de ma part devers ladite vesve, j’ay pour ce advisé, que le conte Jehan Thomas de la Mirandula est le plus convenable et à propos que maintenant je y scauroye commectre. Et le feray partir le plustôt, qu’il sera possible, et dilligenter son allée pour faire tout ce que luy enchargerez, horsmis de user de menasses ny parolles, par lesquelles il sembla, que je voulsisse faire la guerre, car n’en ayant le pouvoir comme des plus honneste sera non s’en vanter ny menasser3. Et pour conclusion, monsieur, mon bon frère, je vous prie aultant fraternellement et amyablement, que je puis, prendre ce que dessus en la meilleure part comme aussi je fais tout le contenu en vosdites lettres et vous accommoder à ce que sera plus nécessaire et si avant que votre possibilité le donnera et bailler tel ordre que pourrez pour après venir icy, où nous regarderons ce que se pourra faire avec les estatz, car quant à moy je ne puis faire maintenant ny cy après plus de ce que dessus. Et pendant votre venue je endresseray ce que je pourray combien que jusques à oyres riens s’est fait pour non estre encores arrivéz les estatz, dont je suis fort ennuyé veant que le temps se passe tousjours, que je puis demeurer pardeça4. A tant etc. de Reghensbourg, le 25. de Mars 15415.