Deutsche Reichstagsakten, Jüngere Reihe. Reichstagsakten unter Kaiser Karl V., XI. Band. Der Reichstag zu Regensburg 1541 bearbeitet von Albrecht P. Luttenberger, für den Druck vorbereitet von Christiane Neerfeld
Wien HHStA, Belgien PA 31/4, fol. 262r–275r (Ausf.) 1; ÜS fol. 262r: Copie des lettres du Srde Grantvelle à l’empereur du 10. de Janvier 1541 de Wormes.
Druck: Ganzer/Zur Mühlen, Akten, Bd. 2,2, Nr. 430 A, S. 1282–1292; Pfeilschifter, Acta reformationis catholicae, Bd. III, Nr. 105A, S. 334–347.
Depuis mes précédantes du 2. du présent2, que le mesme jour les présidens baillèrent l’escript y mencionné aux protestans contenant, que le colloquio se face par une personne d’ung chacun coustel. Iceulx protestans furent les lundi, mardi et mercredi consultans de dessus du matin et l’aprèsdisné continuellement et y heust plusieurs altercas entre eulx, pour ce que les gens des duc de Saxen et lantgrave de Hessen mesmement et aucuns autres trouvoient bon de venir au colloquio d’une personne d’ung chacun coustel et que l’on se deust confier en la bonne voulenté de votre Mté, que je leur avoye déclairé et certiffié tant de fois de vouloir entendre à l’accord amyable et pacifficacion de la Germanie et qu’elle venoit à ceste fin expressément. Les autres en petit nombre (dont le principal estoit le duc de Wirtemberg) au contre remonstroient quil n’y avoit apparence quelconque de pouvoir parvenir a ladite amyableté, puisque aucuns des présidens et ceulx de la partie catholique vouloient altérer la forme du recez de Hagnau, par lequel il devoit estre libre a toutes les vingtdeux personnes de dire ce que bon leur sembleroit, demonstrans assez ouvertement les gens dudit duc de Wirtemberg ce que l’on avoit desià tenu pour certain, 〈que leurdit m[aistre] ne se soucy de la religion et est absolutement résolu de retenir ce quil a occupé des biens ecclésiastiques〉. Et pour la tierce contradiction la pluspart de ceulx des villes s’arrestoient, qu’ilz heussent leurs pouvoirs limittéz conformes audit recez et ne les pouvoient excéder. Toutesfois en fin, Sire, ilz se résolurent de accepter ledit moien proposé avec les condicions contenues aux deux escriptz, qu’ilz en baillarent conformes et joinctement tant en latin que allemant. Et certes sans les remonstrances et admonicions, que je fis et fis faire par tierce main à diverses fois aux chancelliers desdits duc de Saxen et lantgrave et à Melancthon et aucuns autres démonstrans désirer l’accord, ilz perdoient espérance d’y faire condescendre la reste.
Et mesmes pour la grant 〈crainte, qu’ilz ont de soy desjoindre et tousjours, comme qu’il en soit, ilz doubtent la guerre, pour ce qu’ilz entendent continuellement, que aucuns des gens du duc de Bavière en tiennent propoz et qu’ilz fantasient, comme qu’il en soit, que les gens du pape ne pratiquent ny tendent à autre chose et de les mectre en division3, à ceste fin a esté la chose en grand bransle et dangier de reffuser entièrement ledit moyen pour austant que ceulx dudit duc de Wirtemberg persistoient très expressément et ne les en povoit l’on desmouvoir jusques à parler de laisser leurs alliances〉.
Or, Sire, comme qu’il en soit, j’ay certainement sceu que toute la reste de la partie d’iceulx protestans est 〈fort fâchié dudit duc de Wertemberg pour le veoir ainsi demourer en discord et qu’il ne se soucie de la foy et religion et ne veult autre que vivre à son seul plesir et de tenir et approprier à soy mesmes et ses serviteurs les biens ecclésiastiques estans en son pays et que toute la reste desdits protestans désire tres fort l’app[ointement] pour le respect de la venue de votre Mté et qu’ilz ne tombent en guerre, dont ilz redoubtent les inconvéniens, foulles et oppressions et mesmement les villes et tant plus celles, qui sont eslonguées du secours des autres et si davantaige sentent desjà très fort lesdites villes de la despence, qu’elles ont soubstenue et soustiennent pour leurs lighes avec la crainte, où ilz sont tousjours, de l’indignation de votredite Mté et aussi de l’innemytié des catholiques et s’en plaindent par ensemble considérans, que quant oires la guerre ne se commenceroit, pendant que votre Mté sera en ce cousté, que toutesfois demeureront ilz tousjours en ces deux inconvéniens de ladite despence et crainte et encoires que on ne leur empesche le commerce tant en ladite Germanie que dehors et aussi ledit lantgrave aperchoit et doubte, que lesdites villes ne vouldront soustenir longuement ceste dicte despence〉.
Et est ce que dessus à mon jugement la vraye cause pour laquelle plus que pour nulle autre, mesmes de la religion, que les fait démonstrer enclins à l’accord et dont l’on se pourroit valloir, si l’on vient a traicter prestement avec eulx selon que desià je l’ay escript, car à l’occasion 〈de ladite crainte ilz entretiennent toutes practiques tant entre eulx que autres estatz de ladite Germanie et aussi avec les estrangiers et mesmement du cousté de France, et si on trouve moyen de soy entendre et confédérer les luthériens et oecoloupadiens et accorder au principal article du sainct sacrement de l’autel, duquel ilz estoient en division et ont inventé aucuns motifz et termes pour colourer et excuser, que lesdits luthériens dissentirent en leur confession d’Ausbourg avec lesdits sacrementaires〉.
Et font leur compte que d’arrivée quant votredite Mté se trouvera 〈à la prouchaine diète, ilz verront, s’il y aura moyen de faire accord convenable, et en ce cas se contiendront sans passer plus oultre en leursdits practiques, sinon, les compliront et asseureront le plus avant qu’ilz pourront et temporiseront pour soy retirer d’icelle diète sans indigner davantaige votredite Mté à l’encontre eulx et mectront, s’ilz peuvent, la culpe aux catholiques, supposans que votredite Mté ne pourra longuement séjourner et aussi que la pluspart de ladite Germanie, qui se tient encoires du cousté desdits catholicques, se rendra après après de leur cousté, tenans desià pour tout gaignez les conte palatin l’électeur et si n’ont petite espérance de tous ses frères, aussi que le marquis de Brandembourg l’électeur soit de leurs et semblablement espèrent, qu’il actirera la pluspart de ceulx de la maison de Brandembourg, selon qu’il est personnaige actif et vigillant, voire parlent ilz du cardinal de Mayence, avec lequel il a desià puisnaguères fait nouvelle alliance et lequel, comme ilz dient, ne se rend difficille, sinon pour le différent, qu’il a avec le duc de Saxen, électeur, entre lesquelz trouveront bien app[ointement], et du duc de Clèves s’en trouvent asseuréz〉. Et mectz ce que dessus incidamment et si prolixement à fin que votredite Mté préadvisée de ce que je puis icy entendre, puisse mieulx considérer ce qu’elle pourra et debvra faire.
Retournant, Sire, à la responce baillée par lesdits protestans, après que les commis desdits présidens l’eurent vehu et conféré de dessus, ilz furent en diverses opinions, comme desià ilz sont esté par cydevant souvent en autres choses, assavoir ceulx dudit Mayance et de Bavière d’une part et ceulx des électeur palatin et de Strassbourg d’autre. Et a esté la diversité en ce que lesdits protestans insistent, que aprèsque les deux personnaiges choisiz des deux coustelz auront dit et proposé ce que bon leur semblera, que s’il y avoit quelcung d’iceulx protestans qui voulsit parler, que les présidens et moy ne luy desnissionsa l’audience, et qu’ilz estoient bien contens, qu’il se fit ainsi à ceulx des catholiques, et le consentoient en tant que en eulx estoit, voire requéroient comme desià ilz avoient fait. Et sur ce s’arrestarent lesdits de Mayance et de Bavière, que l’on la devoit entièrement reffusé, et les autres présidens s’en remirent et rappourtarent du tout a moy.
Veant, Sire, ceste nouvelle difficulté je leur déclaira de bouche et bailla par escrire, quelle se pouvoit accorder entre eulx en respondant ausdits protestans, que lesdits présidens et moy ne desnyerions à ceulx du coustel desdits protestans, quant ilz le requérroient, de dire et remonster ce que verrions et entendrions convenir à la cause de leur partie, leur remonstrant, que par cecy l’on pourroit convenablement satisfaire ausdits protestans et sans faire grief quelconque à la partie catholicque ny s’en pourroit ensuyre inconvénient, leur priant, que ayans regard au si long temps, qu’estions icy, qu’ilz voulsissent ensuyr cest expédient.
Après, Sire, que ledit expédient fut practiqué avec lesdits présidens, iceulx de Mayance et Bavière persistèrent expressément de non le vouloir appreuver et se arrestarent à la forme, selon laquelle l’on avoit proposé ledit colloquio de deux personnes, maintenans qu’ilz ne pouvoient selon leur pouvoir et instruction faire autre chose, et les autres commis approuvarent prestement ledit expédient, déclairans expressément, qu’ilz vouloient en ce et tout le surplus tout ce que j’adviseroye. Et à ce que j’ay bien sceu et aussi le dénotent assez les deux escriptz, que par ensemble tous lesdits présidens m’ont baillé, il y a heu de l’aigreur entre eulx peu convenable à l’affaire et à la réputacion de leur charge et dont l’une et l’autre partie se scandalizent.
Me retrouvant, Sire, en ceste perplexité et anxiété veant ceste dissension et le temps tousjours couler, je fis la mesme nuyt deux escriptz, l’ung pour bailler a tous lesdits présidens, par lequel je m’arrestoye audit expédient, et ung autre pour faire premièrement remonstrances appart ausdits de Mayance et de Bavière, ausquelx je parla hier matin présent l’evesque de Seggaw, ambassadeur du roy des Romains4, assavoir ausdits de Mayance particulièrement et aussi a ung prévost, qu’est icy pour lesdits de Bavière5, et leur monstray et fis lire ledit escript, selon qu’ilz ont introduict icy de faire tout par ceste forme, que à la vérité je tiens estre inventée pour passer plus de temps et aussi le pensent aucuns des présidens, et leur fis respectivement conforme audit escript et pour la coroboracion du contenu d’icelluy toutes remonstrances requises, mais je n’en peuz tirer autre chose sinon qu’ilz y penseroient. Bien vouloient ilz avoir ledit escript, que je ne leur voulsis accorder, pour ce mesmement qu’il faisoit mencion, que je leur avoye promis de riens déclairer au colloquio touchant de admectre ou reffuser ceulx qui vouldroient parler sans leur consentement, et sans le promectre ilz n’eussent consenty ledit expédient dudit colloquio d’une personne d’ung chacun coustel.
Veant, sire, que je n’en pouvoye tirer autre chose, sinon qu’ilz y penseroient, je fis assembler tous lesdits présidens en intencion d’aller devers eulx en l’hostel de la ville, mais ilz voulsirent venir en mon logis, et leur remonstray ce qu’il me sembla convenir à fin que par commung accord ilz voulsissent, selon qu’ilz avoient fait par mon moien jusques à maintenant, soy accorder en ce qu’il convenoit pour parvenir audit colloquie. Et comme ilz persistoient en la division susdite, je les interrogay généralement, s’ilz scavoient autre moien ou expédient, et lesdits palatin et de Strasbourg et les autres dirent, qu’ilz n’en scavoient point, mais qu’ilz y penseroient, sur quoy je leur remonstray qu’il estoit plus que temps d’y avoir pensé et toutesfois les remis je encores à une heure après midi.
Aussi leur demanday je, s’ilz avoient heu aucune responce de leurs maistres touchant l’autre moien, que trois parlassent pour une partie et trois pour l’autre, et ilz me respondirent que non, dont j’estoye desià assez adverty, mais je les en interroga voulentiers pour austant que toute la partie des catholicques sinon eulx le trouvoient très bon et regrettent journellement, qu’il ne fut accepté lors, et aussi font la pluspart des protestans. Et à mon advis fauldra à la fin retourner par ce chemin, qu’il vouldra faire quelque bien, et encores que ceulx que se dépputeront communicquent particulièrement et privément, car autrement jamais lesdits théologiens desdits protestans se vouldront desdire ny retirer de leurs erreurs en colloque publicque, où seront ceulx, qu’ilz ont séduictz.
En après je dis ausdits de Mayance et Bavière, que ilz pensassent encores sur ledit dernier moien et la déclaracion, que je leur avoye baillé de dessus et que à ladite heure, s’ilz ne se vouloient condescendre, ilz me dissent leurs raisons au contraire et si leur pouvoir et instruction estoit limitté quant à ce et voulsissent considérer le temps, que se perdoit en ces escriptures et que nous avions assez à faire tous avec les mesmes parties, sans que lesdits présidens desaccordassent si souvent entre eulx et que la raison vouloit bien, que nous en communiquissions par ensemble de bouche et non par multiplicacion desdits escriptz tant plus, qu’ilz estoient icy non pas représentans les personnes de leurs maistres comme parties en ceste congrégacion, mais comme présidens par commission de votredite Mté, et que en ceste qualité lesdits présidens et moy ne faisions ensemble que ung corps pour guyder cest affaire.
A l’heure assignée, Sire, tous lesdits présidens retournarent et aussi si trouva ledit ambassadeur du roy des Romains, en présence duquel, comme dit est, j’avoye le matin parlé et communiqué avec lesdits présidens tant par ensemble que particulièrement, et fut la responce desdits de Mayance appart qu’ilz ne scavoient aucung moien ny autre chose convenable audit colloquio, sinon ce qu’ilz avoient desià respondu tousans [= touchant] le poinct de leur pouvoir et instruction, que aussi je ne reprins plus pour non sembler que je les voulsisse picquer.
Et au regard des causes, qui les mouvoient de non condescendre audit expédient, c’estoit pour austant que l’escript allemant, que les protestans avoient baillé, estoit dissemblable de celluy en latin et parloit encores des voix et oppinion des vingtdeux personnes, sur quoy je leur remonstray, que l’on se pouvoit arrester audit escript latin, puisque lesdits protestans l’avoyent donné pour moy, qu’estoye icy expressément et immédiatement pour votredite Mté, lequel ne faisoit mencion desdites voix, et aussi que comme qu’il fut, non seullement l’on ne leur accourdoit riens par ledit expédient, qu’il toucha lesdites voix, mais plustot se déclairoit et confermoit le contraire, et que tousjours il seroit en leur main et pouvoir et en mien, quant aucuns du coustel desdits protestans vouldroient avoir audience, de déclairer, si elle conviendroit à la cause desdits protestans ou non et si ce seroit pour la plus grande partie ou la moindre, à quoy à la vérité ilz ne sceurent que réplicquer.
Et les ayant amené jusque à là je leur baillay ledit second escript, par lequel je m’arrestoye audit expédient, et le laissasmes ledit ambassadeur et moy à tous lesdits présidens, à fin qu’ilz voulsissent soy resoldre de dessus, et nous retirasmes en ung autre poille [= poêle] après avoir toutefois persisté bien expressément, que sans plus de dilacion ilz voulsissent passer oultre.
Tost après, Sire, vindrent devers nous aucuns des commis desdits présidens et nous dirent, que quant ausdits palatin et de Strasbourg ilz se conformoient tousjours audit expédient et à tout ce que j’adviseroye, prians fort justamment que je ostasse de mondit escript ce que j’escripvoye généralement du dissentement desdits présidens, puisque il ny en y avoit point heu de leur part, et quant aux autres ilz requirent avoir terme pour penser dessus ledit escript jusque aujourdhuy à huit heures du matin, et nonobstans toutes circonstances y persistarent.
Je ne scay, Sire, qu’ilz respondront, mais je me doubte, que ce ne soit tousjours nouveaul entremectz pour empescher ledit colloquio, car j’ay sceu certainement, que lesdits de Mayance veant, que lesdits protestans y condescendoient, ont dit expressément, qu’ilz se repentoient condescendre à proposer ledit moien des deux personnes d’ung coustel et d’autre, et celluy de Baviere a dit audit ambassadeur du roy des Romains et à moy, que le duc Loys de Bavière, son maistre, remonstra à Hagnou audit seigneur roy, que ledit recès de Hagnau sembloit périlleux et qu’il luy avoit respondu, que votre Mté ne l’appreuveroit, ce que nous rebouttames et dismes contre, ledit seigneur roy avoit très expressément escript à votredite Mté pour appreuver ledit recès6 et que sans préveoir l’inconvénient apparant en la Germanie voz deux Mtéz ne nous heussent icy envoiéz, et comme il ne se pouvoit desmeler de ce poinct, il nous dit que jamais l’on ne viendroit à appoinctement avec lesdits desvoiéz par amyableté, sur quoy je luy respondis, que nous ne scavions comme il en seroit, mais que jusques à maintenant je y trouvoye austant de difficulté pour le moins de nostre coustel que de celle desdits protestans. Et le laissasmes si bien édiffié, que, quant le vischancellier de Mayance7 l’appella pour consulter avec luy et autres dudit Sr de Mayance, il le refusa.
Et pour riens délaisser de tout ce qu’il m’a semblé convenir je trouva moien de parler à part au doien de Tresve8 et ung autre doien de l’une des églises de Mayance9, que j’ay de long temps congneu avec le feu cardinal Campegio, lesquelx sont les premiers commis dudit Sr de Mayance, et leur remonstray l’inconvénient que seroit de soy partir d’icy sans riens faire et le maulvais bruyt et charge, que l’on en donnoit à leurdit maistre et aussi comme qu’il fut à eulx comme principaulx en sa commission, lesquelx ny sceurent bien respondre et me donnarent à entendre, que à eulx n’avoit tenu ny tiendroit. Et depuis le mesme jour ilz furent devers ledit évesque de Seggaw, ambassadeur dudit seigneur roy, se excusans sur ce que ledit vischancellier de Mayance avoit apporté une instruction fort longue et que, quant ilz se vouloient condescendre aux choses mises avant entre eulx et les autres présidens et aussi par moy, ledit vischancellier se armoit à ladite instruction et protestoit à l’encontre d’eulx de non aller au contraire, dont il leur desplaisoit, prians audit ambassadeur, qu’il voulsit parler à part audit vischancellier et luy remonstrer ce que l’on chargeoit et feroit encores plus leurdit maistre, que l’on n’aye icy riens fait, ce que ledit ambassadeur respondit, qu’il feroit voulentiers, pourveu que le docteur Mathias ne sceust après les remonstrances, qu’il feroit audit vischancellier, pour ce qu’il ne vouloit entrer en contencion avec ledit docteur. Sur quoy ilz dirent, que cela seroit difficile, car icelluy vischancellier ne faisoit riens quelconque sans son advis.
Depuis, Sire, ledit doien de Mayance m’est venu dire aujourd’huy de la part de l’autre doien et de luy, qu’ilz me prioyent, que je ne m’ennuyasse, qu’ilz ne me fissent leur responce aux huit heures, comme ilz avoient hier accordé, et qu’ilz la détardoient pour pouvoir mieulx faire. Et environ les deux heures après midi sont venuz tous deux et le greffier de la chancellerie dudit Mayance10 et avec eulx ledit commis dudit duc Loys de Bavière sans le vischancellier, que m’a de plain sault fait doubter, ou qu’ilz refuseroient encores ledit dernier moien ou mectroient en avant quelque nouveaul incident. En somme, Sire, leur propoz a esté, qu’ilz se conformoient à mon advis et à mes escriptz, mais que c’estoit aux condicions et modificacions contenues en ung autre escript, qu’ilz m’ont baillé, et entre autres de non préjudicier aux recès de Hagnau et de Auspurg et que je ne feroye aucune déclaracion pendant le colloquio sans leur consentement et seroit libre à leurs maistres de pouvoir toutes et quantesfois qu’ilz vouldroient se déppartir de cestuy accord. Et mectoient encores sur la fin d’icelluy escript contrevenant au commencement d’icelluy, que la déterminacion fut baillée tant aux catholicques que protestans.
Voyant, Sire, ce nouveaul entremectz je leur ay accordé tout, saulf que je leur remonstra, qu’ilz scavoient bien, qu’il n’estoit besoing de riens traicter avec les catholicques, ausquelx selon mesdits escriptz et qu’il estoit tout évidant ne leur touchoit en riens ny prejudicioit la response, que se devoit faire ausdits protestans, à quoy ilz n’ont sceu que réplicquer et ont rayé cest article en leur escript et ay tant fait que ledit greffier a mis de sa main l’approbacion de la royeure. Aussi leur ay je remonstré, qu’il n’estoit besoing que leursdites protestacions fussent vehues par lesdits présidens, et mesmes quant à ce que je ne pouvoye riens déclairer sans leur consentement joinct, que ce seroit occasion de nouvelle dilacion, ce qu’ilz n’ont peu desnyé et l’ont accordé et délaissé ledit escript en mes mains.
Et pensant, que ainsin se observeroit, je leur priay, qu’ilz fissent assembler lesdits autres présidens ce mesmes jour et par ensemble et d’ung mesme accord pour meilleur réputacion et à fin d’éviter le bruyt de tant de discords et qu’ilz voulsissent encores cedit jour respondre ausdits protestans, ce que aussi ilz m’ont accordé et s’ont observé quant à soy assembler avec lesdits autres présidens, mais ledit vischancellier en déclairant, qu’ilz se condescendoient à mes escriptz, a adjousté que c’estoit avec aucunes protestacions, qu’il m’avoit baillé par escript, ce que oyans lesdits autres présidens ont dit, qu’ilz vouloient veoir préalablement que passer oultre. Et peult votredite Mté considérer, comme j’en suis et l’espoir, que je puis donner à icelle de commencer ledit colloquio. Et certes ces fassons et termes sont terriblement estranges, et ne me seroit si grief le travail, que j’en supporte, puisque il est question du service de votredite Mté, si ce n’estoit pour austant qu’il emporte à icelluy, mais je me réconforte à ce que je pense, que toutes lesdites deux parties voire et lesdits présidens mesmement scayvent bien et seront bons tesmoings, que j’ay fait icy tout devoir et bon office possible.
En oultre, Sire, le docteur théologien, qu’estoit 〈allé devers le lantgrave de Hessen, est retourné ce soir et m’a monstré le départ, qu’il a prins dudit lantgrave11, et dit, que le messaigier, qu’il avoit dépesché premiers que de partir d’icy pour aller devers ledit lantgrave n’avoit fait bonne diligence et tellement, que ledit théologien avoit esté aussitost au lieu ordonné par ledit lantgrave que ledit messaigier, dont averty par luy à diligence qu’il estoit arrivé, icelluy lantgrave, qui estoit à trois grandes lieues d’Allemaigne pardelà, y vint en poste et furent environ cincq heures ensemble, et déclaira ledit théologien audit lantgrave tous les pointz et articles communiquéz, lesquelz trouva bons pour bailler commencement et fondement à l’accord amyable de la foy et religion et advisa, que le meillieur expédient seroit, qu’il les fist tenir avec grand secret au marquis de Brandenbourg, l’électeur, lequel, comme il dit et le tesmoingne ledit théologien, scet très bon latin et est de gentil esperit et si est très affectionné à ladite concorde, affin que comme de luy mesme il les communiqua a Lutherus, avec lequel il a fort privée accointance, et après en parla avec duc de Saxen, qui confie plus audit marquis que a personne de la Germanie, et ledit marquis taise, que ledit lantgrave scache riens desdits articles, affin qu’il aye tant meillieur moyen de fere condescendre à la practique et contractacion tant ledit de Saxen que les autres desvoyéz, et aussi que ledit théologien envoya audit lantgrave une translacion en allemand desdits poinctz et articles pour les incorporer et en scavoir mieulx parler, où et quant il verra estre requis, et est on après pour fere ladite copie en latin, laquelle se renvoyera demain audit lantgrave pour la fere tenir comme il a advisé audit marquis de Brandembourg〉12.
Et après avoir interrogué songneusement 〈ledit théologien de la voulenté dudit lantgrave en ceste besoingne et considéré tout ce, que ledit théologien m’en a dit et ce que j’en ay entendu de son compagnon, aussi théologien, il semble, que ledit lantgrave y procède avec affection. Bien est vray, qu’il ne se veult obliger ny promectre plus avant que de fere tout ce qu’il pourra pour encheminer la concorde et d’y induyre par tous moyens convenables et possibles ceulx de sa partie〉. Et aussi il ne veult riens expressément promectre, par où l’on peust dire, qu’il heust fait contre le debvoir, qu’il a promis à sadite partie des protestans et leur alliance, et je le tiens ainsi pour meilleur, que s’il promectoit plus libéralement et absolutement.
J’ay aussi reserché 〈ledit theologien〉 pour enfoncer, s’il y avoit quelque doubleure en ce que 〈ledit lantgrave veult entremectre ledit marquis de Brandebourg, l’électeur〉, en la practique, mais à tout ce que j’en ay peu comprendre, je n’y puis apparcevoir que bonne intencion et que c’est pour ce qu’il n’y a intrinsèque bonne amytié 〈entre l’électeur de Saxen et ledit lantgrave〉, et n’est l’intelligence d’entre eulx et amytié, qu’ilz se démonstrent, que pour la réputacion de leurdite religion et entretenir leurdite partie, 〈et doubte ledit lantgrave〉, que s’il proposoit le moien de ceste practique, que l’électeur et les autres desvoiéz le tiendroient suspect de plain sault et ne pourroit les attirer à la concorde, comme il dit, qu’il désire et espère faire.
J’ay aussi voulsu assentir encores, se il seroit besoing de riens 〈descouvrir ou traicter avec ledit Melanthon, fut par lesdits deux théologiens mesmes ou de la part dudit lantgrave ou encoires, que je luy parlasse ou fisse parler plus expressément de la concorde sans fere mencion de ladite practique, mais, comme ilz dient, ledit lantgrave et eulx s’arrestent〉, qu’il souffit, que je luy die et certiffie tousjours la bonne voulenté de votre Mté à la réduction raisonnable du discord de notredite saincte foy et religion pour austant qu’il est tant craintif depuis les alarmes que 〈luy a fait ledit électeur de Saxen〉, que il ne seroit de riens quelconque se déclairer et si par adventure pour la mesme craincte déclaireroit hors de propoz audit électeur ce que l’on luy diroit.
J’ay encores une doubte 〈ausdits théologiens quant audit Luthere, mais ilz tiennent comme pour tout certain, que ledit marquis de Brandembourg le reduyra bien et que, combien qu’il soit brusque et haultain, toutesfois que moyennant, que l’on luy baille espoir de la réformacion et que l’on luy parle au surplus gracieusement, il fera ce que l’on vouldra et plus facillement beaucop que Melanthon, qui commenceroit par luy〉.
J’avoye aussi mis en avant, que 〈lesdits deux théologiens esprouvissent comme d’eulx mesmes audit Luthere à quelque occasion, qu’ilz pourroient adviser convenable à le persuader, mais ilz m’ont respondu, qu’il ne pourroit bien convenir, car comme ilz ont reprins de plusieurs choses, qu’il a escript, il entreroit incontinement en suspicion, qu’ilz le voulsissent circonvenir pour luy fere honte, et ou [= au] lieu de ce dressent une lettre sans subscription, que ledit marquis de Brandembourg luy pourra monstrer comme copie sans dire, dont elle vient, par laquelle ilz le louent de son bon zèle à la pacifficacion du différent de la religion et qu’il n’y a personne, qui ce puisse mieulx encheminer ny fere que luy et estre cause de parvenir à ladite réfformacion selon qu’ilz congnoissent le marchant et sa sensualité〉.
Or, Sire, Dieu scait, 〈que ce pourra estre de ceste pratique, mais comme qu’il en soit, j’ay l’escript corrigé des mains desdits deux théologiens en plusieurs lieux et oultre ce ay en mes mains l’original signé dudit lantgrave dudit départ fait entre luy et ledit théologien〉. Le surplus, Sire, 〈quant à la venue dudit lantgrave à ladite diète et de ce qu’il a recherché particulièrement devers votredite Mté, ledit lantgrave l’a remis à son chancellier et à ce qu’il luy en escript, auquel je parleray demain au matin, mais pour la fin des devises, que j’ay eu avec ledit théologien retourné de devers ledit lantgrave il m’a dit, qu’il est fort practiqué du cousté de France et non seullement luy, mais aussi toute la partie des protestans et que le lantgrave et tous eulx non seullement y sont enclins, ains desextiment et blasment grandement ledit roy de France et que votredite Mté peult estre asseuré, qu’ilz ne traicteront avec luy sinon par pure désespérance faisant compte, qu’ilz pourront promptement veoir à la venue de votre Mté, s’ilz doibvent espérer la paix ou s’apprester à la guerre et aussi qu’ilz ne peuvent longuement demourer en ces termes selon la presse, que ledit roy de France leur fait donner, veoir jusques à protester que, s’ilz ne luy veullent respondre tost, il regardera en ses afferes par autre boult〉.
Et quant au 〈duc de Clèves à ce qu’en a entendu ledit théologien il n’est bien seur d’avoir la fille d’Allebrecht en mariage et aussi ay je sceu certainement, que ces gens estans icy ne s’en vantent, comme ilz faisoient et mectent difficulté, que me fait du tout croire que la lighe, dont les François se sont vantéz et que le Sr d’Allebert afferme, n’est si avant, comme il dit et que par adventure l’on luy fait croire, et encoires m’a certiffié ledit chancellier dudit lantgrave, que jusques à maintenant sondit maistre n’a alliance ny confédéracion avec ledit duc de Clèves, combien qu’il en soit esté et est encoires fort poursuyvy〉.
Sire, depuis ce que dessus escript le jour de hier, 9. du présent, j’ay ce matin 〈parlé avec le chancellier du lantgrave〉, lequel d’arrivée m’a dit, qu’il avoit entendu l’intencion de sondit maistre touchant 〈la praticque〉 de l’accord en ce de la foy et pacifficacion de la Germanie et que il désireroit bien d’avoir une résolucion de sondit affaire particulier. Sur quoy après luy avoir louhé la bonne voulenté de sondit maistre à encheminer et procurer ung si gros bien j’ay respondu, que quant audit particulier affaire il pouvoit estre souvenant de ce, que je luy en avoye desià respondu et mesmes, que le fondement de traicter ledit particulier estoit, que ladite concorde de ladite religion se fit et que moiennant icelluy 〈lantgrave〉 pouvoit estre bien asseuré de recouvrer la bonne grâce de votre Mté et celle du roy des Romains, et pour ce que j’ay bien veu à la myne, qu’il tenoit et à ses parolles, que cela ne le satisfaisoit, je luy ay remonstré, que combien je tynsse que sondit maistre avoit la voulenté telle, que de sa part 〈ledit chancellier et aussi son théologien〉 m’avoient dit, toutesfois ne se vouloit il desjoindre d’avec les autres protestans et, comme il dit, ne le pourroit faire par honnesteté et aussi debvoit il considérer, que votredite Mté du sien ne pouvoit faire traicter ny convencion avec luy ny riens consentir par honnesteté, que fut préjudiciable au contre à nostre ancienne religion et ceulx, qui en sont, si comme seroit en luy remectant dois maintenant toutes choses mal passées de 〈la part dudit lantgrave〉 à l’encontre de votredite Mté et dudit seigneur roy et mesmes en ce de la religion et tant plus en permectant et reservant toutes alliances et confédéracions faictes et qu’il pourroit faire pour le soubstenement d’icelle nouvelle religion. Sur quoy il a réplicqué, que l’on pourroit traicter sans faire mencion des dictes confédéracions, mais je luy ay reboutté comme chose aussi mal faisable et pour la mesme raison de manière qu’il n’a sceu plus que dire sur ce.
En après il m’a dit comme personnaige désirant avoir moien de contenter sondit maistre et l’attirer du tout à la bonne grâce de votredite Mté, que la raison vouldroit bien, que sondit maistre fut en quelque bonne sorte assheuré et que je y voulsisse advise[r] quelque moien convenable, puisque j’entendoye et veoye desià tant de l’intencion de sondit maistre. Sur quoy je me suis détenu pour veoir, s’il me mectroit en avant quelque particularité, et veant qu’il n’en proposoit aucune, je luy ay reprins ce que luy avoye desià dit cydevant, que je ne pouvoye penser moien pour capituler, sinon condicionellement en cas dudit accord de la foy, avec lequel et moyennant que sondit maistre face l’office, qu’il dit, qu’il fera. Votredite Mté et ledit seigneur roy des Romains le recepvront en bonne et favorable grâce et luy remectront, comme dit est, tout le mal passé en tant qu’il touche voz deux Mtéz et ce qu’il pourroit avoir mesprins envers elles, leurs dignitéz, auctoritéz et personnes, saulf toutesfois et sans préjudice du droit d’aultruy et pourveu que dois lors en avant il se maintint envers leursdite deux Mtéz en leur obéyssance et observance de voz dignitéz comme bon prince et vassal envers son empereur et roy des Romains. Et aussi en cedit cas dudit accord cesseroirent toutes lighes et confédéracions faictes à cause de ladite nouvelle religion et quant aux autres, que 〈ledit lantgrave〉 a non préjudiciables à votredite Mté ny au sainct empire, elles pourroient demourer en leur entier, puisque votredite Mté n’a querelle en la Germanie ny en vouloit point avoir, saulf quant au duc de Clèves, avec lequel comme 〈ledit chancellier〉 m’assheuroit sondit maistre n’avoit nul traicté ne confédéracion, et que il seroit content de promectre de non l’assister directement ne indirectement à l’encontre de votredite Mté, si il ne faisoit davantaige pour elle.
Et veant 〈ledit chancellier〉 que je me tenoye en ces termes de non pouvoir traicter sinon condictionnellement, il a dit, que sondit maistre n’en demoureroit doncques cependant assheuré ny de sa personne ny de ses terres et qu’il doubteroit de soy trouver à ladite prouchaine diètte, sans que je y trouvasse quelque bon expédient. Sur quoy j’ay respondu, qu’il se pouvoit bien fier à votredite Mté, qu’elle ne vouldroit riens emprendre contre luy ny autre durant ceste diètte et tant plus ayant regard à ce que ledit 〈lantgrave〉 a offert et promect faire pour ledit accord, et ce vouloye je bien assheurer et promectre ou [= au] nom de votredite Mté.
En après il est passé plus avant et m’a dit, qu’il me vouloit parler plainement comme de luy mesmes et qu’il luy sembloit, qu’il fauldroit, que du mains [= moins], si l’on ne vouloit traicter dois maintenant trenchement avec sondit maistre, qu’il fut assheuré, que l’on n’entreprendroit riens directement ne indirectement à l’encontre de luy, ses terres et biens pendant ladite diètte et encores pour quelque temps après comme de six sepmaines, deux mois ou autre temps, qu’il sera advisé, et qu’il pensoit, que sondit maistre du mains vouldroit cela et qu’il s’en peust aller du lieu de ladite diètte sans empeschement ny destourbier quelconque à son bon plaisir, et que moymesmes luy promisse ou nom de votredite Mté et luy en baillasse aussi ma foy et que directement ne indirectement riens se feroit par votredite Mté ny départ elle au contraire de ce que dessus, et adjoustant, qu’il luy sembloit, qu’il n’y auroit que bien que aussi tous les autres protestans fussent semblablement assheuréz.
J’ay à ce, Sire, respondu, que je pouvoye bien assheurer 〈ledit lantgrave〉, que votredite Mté ne venoit en ceste Germanie, sinon pour la paciffcacion d’icelle, et ne menoit nulles practiques contre luy ny autres ny y presteroit l’oreille durant ladite diètte et si longuement, que vous auriez espoir de la concorde, et que quant au particulier 〈dudit lantgrave〉 je pensoye, que votredite Mté n’y mectroit difficulté et en scauroye le bon plaisir d’icelle par ce courrier, que je vouloye dépescher devers elle.
Et puisque, Sire, l’on est desià venu si avant 〈avec ledit lantgrave〉 et la diètte si prouchaine et 〈ledit lantgrave〉 persistera d’avoir responce et cependant se détiendra, je supplie votre Mté me mander expressément ce qu’il luy plaira, que je face, et mesmes touchant l’assheurance mencionnée ou [= au] précédant article, à laquelle je tiens pour certain, que 〈ledit lantgrave〉 s’arrestera du mains [= moins], s’il ne demande plus, et par adventure non seullement pour luy, mais pour tous les autres protestans, et de prime face semble, qu’il y a occasion, car puisque ilz doibvent estre assheuréz allans à ladite diètte y estans et en retournans, aussi veult la souverainne équité du prince, qu’ilz ne soient surpris si tost qu’ilz seront retournéz, et au contre ceulx qu’ilz dient, que il les fault contraindre à traicter par craincte, que l’on aura tout gasté.
En après, Sire, et à ceste occasion 〈ledit chancellier〉 m’a parlé, que le lieu de Rynspurg estoit fort grief à ces seigneurs du coustel du Rhin tant électeurs, princes que autres pour estre si longtain et extrêmement chier et mesmes qu’il doubtoit fort, que 〈l’électeur de Saxen〉 n’y vouldroit venir pour la grande inimitié, qu’il a avec les 〈ducz de Bavière〉 et aussi ne leur estoient bien enclins aucuns des autres princes, et que tous heussent désiré et vouldroient bien encores, que ladite diètte se remist à Nuremberg, ce que luy ay reboutté par les mesmes raisons et considéracions, que sur ce sont esté souvent dictes signamment quant audit Nuremberg pour estre desdits protestans et de leur confession.
Et à la vérité, Sire, j’ay entendu de plusieurs autres le mesmes, que m’a remonstré 〈ledit chancellier〉 et nonobstante toute l’instance, remonstrance et persuasions, que j’en aye fait et faiz journellement, plusieurs dilayeront de se trouver et autres s’en excuseront, et jusques à maintenant à tout, ce que je puis entendre, n’y a personne, qui vueille achever de croire, que ladite diètte se doiye tenir audit Rynspurg, voire en y a, qui font entendre, qu’elle ne se tiendra, et pour ce sera bien, que votredite Mté y envoye le maréschal des logis et les fourriers, car jusques lors null’y ne bougera.
Quant 〈ledit chancellier〉 a veu, que je demeuroye arresté audit Rynspurg, il m’a dit, qu’il avoit pensé que, si 〈ledit électeur de Saxen〉 n’y vouloit aller, qu’il fauldroit tenir main que du mains [= moins] il vint a Nuremberg et que 〈ledit lantgrave〉 pourroit aller dois votre Mté à luy et que par adventure 〈ledit électeur〉 seroit aussi bien ou mieulx audit Nuremberg que audit Rynspurg, selon qu’il est difficile et mal traictable. Sur quoy j’ay respondu, que le mieulx seroit, qu’il vint audit Rynspurg, mais au déffault de ce mains [= moins] mal audit Nuremberg, et ne l’ay voulsu autrement reboutter pour austant que, s’il estoit audit Nuremberg, il seroit plus facile de selon qu’on verroit estre requis de le faire venir audit Rynspurg. Et à tout ce que je puis entendre, je me doubte, que 〈ledit électeur〉 fera tout ce qu’il pourra, pour soy excuser de venir audit Rynspurg, et par adventure n’y auroit que bien, que votredite Mté dépescha quelcung devers luy expressément pour encoires luy requérir de soy trouver à ladite diètte, toutesfois que j’espère encores aujourdhuy parle[r] aux gens dudit électeur de Saxen et aussi dudit lantgrave sur les assheurances, qu’ilz requirent et dont votredite Mté m’a envoyé le dépesche, et persisteray de tout mon pouvoir à la venue de leursdits maistres.