A Wien HHStA, Belgien PA 37/1, fol. 46r–55v (Ausf. z.T. chiffr. und dechiffr.); DV fol. 55v: Du Sr de Grandvelle du 22e de mars, receues en Barcellone le 16e d'avril 1543.
B Brüssel AG, Papiers d’Etat et de l’Audience 92, fol. 27r–40r (Kop. z.T. chiffr. und deciffr.).
[46r] [...] Quant aux affaires de ceste diette l’on a jusques à ores travaillé avec très grande peyne et dilligence pour contenter les protestans de l’asseurance [46v] qu’ilz requièrent de la paix et aussi touchant la visitation et réformation du camergericht, en quoy ilz sont exhorbitans, mesmes comme l’on entend par les practicques de l’électeur de Saxen, et ny a l’on peu parvenir, nonobstant toutes admonitions et offres raisonnables. Et enfin ny a heu aultre expédient, sinon que les dépputez consultassent avec leurs maistres pour aultant qu’il ny a icy nulz électeurs ny princes, et que cependant les catholicques procèdent à l’accord de l’ayde contre le Turcq, forme et manière d’icelle en quoy l’on besongne, et y a espoir que l’on obtiendra d’eulx pour la provision et déffension des frontières, et que ce voyant les protestans ilz si conformeront tous ensemble ou sinon que l’on y attirera particulièrement la pluspart d’iceulx, et mesmes les électeur de Brandenbourg, marquis George et Albert2, duc Maurice et aucunes villes et que enfin les aultres suyvront, du moins quant ilz entendront plus certainement le passaige de votred. Mté qu’ilz ne veullent encores achever de croire.
Il n’est nouvelles icy des François ny de leurs praticques doiz la lettre qu’ilz ont fait présenter [Nr. 198] et la responce y baillée [Nr. 199] que j’envoye à votred. Mté. [47r] Et généralement tous les estatz se démonstrent fort indignez contre eulx et les blasment et détestent. Et les lettres de Polin, escriptes l’année passée de Constantinople [Nr. 199, Beilage 5], et celles que led. roy de France escripvit aus Souysses [Nr. 199, Beilage 6] les ont grandement indignez contre luy, et davantaige la copie qu’il envoya ausd. Souysses d’ung personnaige de l’Empire qui ne se nomme, lequel luy escripvit doiz ce lieu en la dernière diette [Nr. 199, Beilage 7; siehe auch RTA JR Bd. XIII, Nr. 124, S. 667, Anm. 4], dont lesd. estatz se sont fort ressentiz et[ont] fait grande inquisition pour scavoir le personnaige les ayant escript et tellement qu’il ny a personne qui ose parler ung seul mot pour led. roy de France, a–craindant d’entrer en suspition envers lesd. estatz–a.
Mais, Sire, comme qu’il en soit, je ne vois apparence que l’on sceut obtenir aide desd. estatz contre led. France et aussi à la vérité ilz n’ont la pluspart de quoy le faire. Et sera assez, s’ilz peuvent assister pour Hongrie, en quoy ores qu’ilz accordent y aura beaucop de difficultez. Mais je tiens bien pour certain qu’il ny a ny prince ny aultre qui aide ne favorise led. roy de France, si ce n’est ce malheureux conte Guillaume de Furstenberg et aucuns cappitaines que encores sont aud. France. Fürstenberg zog sich bereits aus Frankreich zurück, gemeinsam mit einer größeren Anzahl Fußsoldaten. [...].
{47v] Quant à Clèves vous pourrez entendre en quel estat sont les choses de la guerre contre luy et ses pays par les lettres de lad. royne et mesmes des deux armées, dressées l’une contre Julliers et Clèves et l’aultre ou coustel de Gheldres. Et les sept3 ambassadeurs que led. de Clèves a icy font très véhémente poursuyte depuis six jours en ça devers les estatz, comme contiennent les lettres à lad. royne. Et ce jourd’huy l’on baille de notre part deux escriptzs ausd. estatz [Nr. 210samt Beilagen], l’ung pour confondre celluy qu’ilz ont baillé pour justiffier leur droit de Clèves et l’aultre sur les grandes plainctes et doléances qu’ilz ont fait en plusieurs volumes d’environ 50 feuilletz en alleman de la part dud. de Clèves, de sa mère et des subiectz pour plus aigrir lesd. estatz [Nr. 205a-c]. Et à mon advis nous n’avons riens oblié [!] en nosd. escriptz pour démonstrer ausd. estatz inexcusablement que tout ce que led. de Clèves dit quant à son tiltre aud. Gheldres est faulx et mensongier en fait et en droit, et qu’il ny a nul [48r] de si simple jugement qu’il ne le voye et congnoisse de plain sault, comme elle [= sa Mté] pourra faire veoir, s’il luy plait, par la copie qui s’en envoye, et par l’autre escript la meschante ingratitude, insolence et damnable intention dud. de Clèves en tout ce qu’il a fait l’année passé et jusques à ores par la guerre. Mais cestuy escript est en alleman et contient une longue légende qui ne se peult envoyer, car nous avons esté précipité de le bailler pour empescher les poursuytes que ceulx de Clèves font jour et nuyt envers lesd. estatz. Et espérons qu’ilz n’obtiendront riens de ce qu’ilz prétendent et que en tous advénemens la chose se remectra jusques après ces Pasques. Et cependant l’on verra ce que exploicteront lesd. deux armées que cuysent extrêmement ausd. Clevois et aussi aux gens du duc de Saxen, qui font tout ce qu’ilz peuvent fere soubz main pour les favorizer et moinsb de y contreminer.
Le fondement de leur principalle plaincte est que la royne n’a voulsu entendre aux tresves de quattre ans [Aachen, Maastricht] et qu’elle empesche le cours de la marchandise par le Rhin, et cecy font- ilz pour capter la faveur des électeurs et aussi des villes marchandes. [48v] Mais l’on y respond pertinemment en répliquant le debvoir où lad. dame royne s’est tousiours mise pour la paix et tresve convenable à icelle en rechargeant tout le tort sur lesd. Clevois, leur faulceté, braveté, insolence et menasses et emprinses qu’ilz ont fait cest yver, dont ilz ont esté honteusement et à leur perte reboutez, tant ou coustel de Gheldres que Brabant, et qu’ilz ont contrainct par ce moyen la royne soubstenir la guerre et soy fortiffier pour y obvier, et à ce qu’iceulx Clevois se gloriffientc d’entretenir leur armée des branscatz [= Brandschatzung] et occupper avec l’aide du roy de France Anvers et tout ce qu’ilz avoyent failly l’année passée.
d–Et quant à lad. tresve de quattre ans votre Mté pourra veoir ce que j’en ay escript à lad. dame royne. Et à dire la vérité, je tiens main devers le roy des Romains qu’il luy escripvit expressément qu’il ne luy sembloit en façon du monde qu’elle deust faire lad. tresve et ce afin qu’elle se peult excuser envers ceulx qui la pressoient de lad. tresve avec les raisons que je luy escripvoye. Et me sembloit mieulx que led. Sr roy le feit absolutement, car je m’appercevoye assez que lad. royne ny estoit de soy encliné et aussi ce fut [49r] esté chose honteuse et très dommageable pour les considérations contenues en mesd. lettres. Et tiens que au pis aller lesd. de Clèves seront contens d’accepter la tresve d’ung an. Et si ay espoir en Dieu que les susd. armées feront quelque bon exploit et gaigneront pièces que nous demeureront pour gehenner led. de Clèves à rendre Gheldres. Et procédéra l’on selon que l’on verra le progrès desd. armées–d.
Et quant aux apprestes pour la venue de votre Mté nous sommes besoignans, Lyère et moy, avec les gens du duc Maurice et du marquis Albert de Brandenbourg, filz du marquis Casimirus, touchant la retenue des gens de cheval, lesquelz princes ont fait demander choses trop exhorbitantes, mais l’on les a gracieuesement reboutté, et espérons que enfin ilz se condescendront à conditions tollérables selon l’advis du roy de l’excessiveté trop desmésuré avec laquelle l’on a fait les levées l’année passée pour l’emprinse de Hongrie. Et s’ilz ne le font, nous trouverons aultres cappitaines que desia sont sur main, mais lesd. seigneurs peuvent recouvrer les meilleurse gens de cheval.
Aussi, Sire, avons-nous par l’advis dud. Sr roy fait mectre en avant [49v] aux ducz de Bavière de bailler jusques à 500 ou 600 chevaulx au jeusne duc [Christophe] de Wirtemberg, leur nepveu, et en actendons response en dedans trois ou quattre jours. Et si led. duc l’accepte avec leur advis l’on le retirera du tout de France, et sinon l’on aura baillé contentement ausd. de Bavière, et démonstré bonne voulenté en l’endroit dud. jeusne duc. Et selon la responce qu’il fera, l’on pourvoyera pour complir le nombre des 2000 chevaulx.
Weitere Ausführungen über Rüstungsvorbereitungen gegen Frankreich und Kleve. Vorbereitungen für die Ankunft des Kaisers im Reich.
[52r] Le duc Loys de Bavyère a esté icy avec lequel j’ay parlé suyvant l’advis du roy et par manière de confidence et soubz grant secret. Je luy ay baillé compte de l’intention et voulenté que votre Mté a tousiours heu de réduyre à union crestienne le différend de la religion et discourru à ce propos l’erreur où son frère et luy et autres catholicques sont esté d’en fantasier aultrement et de vouloir user de violence hors de temps et sans fondement et que, quant ilz vouldroient s’entendre, votre Mté est en la mesme voulenté et se pourroit trouver moyen, le temps et opportunité pour ce faire quant l’on procéderoit par bonne et sincère intélligence. Et mesmes venant votre Mté au dessus dud. roy de France et temporisant gracieusement avec iceulx protestans jusques lors et que cependant l’on pourveist contre le Turcq par commune main et d’avoir argent du pape pour la lighe, asseurant led. duc Loys et son frère de l’amytié de votre Mté et parfaicte intélligence, de manière que led. duc Loys a confessé que vrayement la chose avoit esté malentendue et errée et que ce que je luy disoye estoit le seul moyen et congnoissoit bien que sans mectre le roy de France à la raison et que votre Mté fut desempeschée de ce coustel-là et fut présente en ceste Germanye, l’on ne viendroit jamais au boult, ny par doulceur ny aultrement, desd. protestans, me faisant [52v] grans sermens qu’il demeureroit avec votre Mté de[sa] personne et de son bien jusques au boult de sa vie et iroit expressément devers sond. frère pour asseurer le semblable, tenant pour certain qu’il ny auroit faulte. Et depuis, Sire, il a démonstré aud. Sr roy estre très satisfait de ce que je luy avoye dit et en avoir singulier plaisir reconfirmantf le mesmes qu’il m’avoit dit. Et ainsi s’est party, commandant à ses commis et enchargeant à ceulx de l’archévesque de Saltzbourg de fere entièrement tout bon office en ceste diette. Et depuis son partement est venu sond. commis4 devers moy, soy offrant fort affectueusement à tout ce que je vouldroye. Et si a encores escript de chemin pour me fere ses très affectueuses recommandations et m’assurer de ce que dessus. Et je tiens, si sond. frère estoit si traictable et faisonnable, que votre Mté et led. Sr roy se pourroient asseurer de parfaicte amytié avec eulx. Et je verray ce que Dieu en donra et feray avec l’advis dud. Sr roy au surplus selon ce.
Led. duc Loys a amené avec luy le duc de Brunswyck et l’a rammené. Et comme j’entens, icelluy Brunswyck congnoit que par sa coulpe il a perdu son estat et ne le peult recouvrer sans l’assistance et faveur de votre Mté. Et combien qu’il fît d’arrivée le terrible pour estre [53r] assisté de la lighe catholicque, toutesfois led. Sr roy et aussi led. duc Loys l’ont satisfait de raison, de manière qu’il s’est enfin démonstré traictable.
Aussi, Sire, j’ay advisé avec led. Sr roy que led. duc Frédericq voise incontinent après les Pasques devers l’électeur, son frère, pour aultant qu’il ne fera faulte icy, mesmes que Monsr d’Ausbourg y est. Et led. duc pourra persuader à sond. frère l’électeur ce que conviendra aux afferes de ceste diette et par le moyen dud. électeur aux autres de dessus le Rhin, et par adventure viendroit en taille pour l’affere de Clèves [...].